© AREP : photographe Didier Boy de la Tour
Pour prévoir le juste dimensionnement des gares et concevoir des correspondances efficaces, les études de flux sont indispensables. Elles ne se limitent plus aux données quantitatives, mais anticipent le comportement des futurs utilisateurs.
Lieu par excellence de toutes les mobilités, les gares, devenues des pôles d’échanges multimodaux, sont au coeur des nouveaux enjeux de la ville. « Une gare ne se résume pas aux seuls déplacements par train. C’est aussi le centre névralgique où se rencontrent de nombreux modes de transports : métro, bus, tramway, ou encore vélo. Tout l’enjeu est donc d’assurer des parcours optimaux pour les usagers, de façon à réduire au maximum la pénibilité d’une correspondance » explique Nicolas Augris, responsable de l’Unité Flux & Mobilités d’AREP. « Comment donc garantir une fluidité maximale des circulations et prendre en compte le confort des voyageurs, lors de ces ruptures de charge ? C’est la mission de la vingtaine d’ingénieurs de « Flux&Mobilités ». Des outils de simulation dynamique permettent de calculer les déplacements de chaque personne dans l’espace au sein des nouvelles infrastructures. Mais prendre en compte les seules données quantitatives ne suffit plus. « On risque de passer à côté des attentes des différents utilisateurs et de ne pas atteindre l’objectif visé, qui est une utilisation plus efficace de la mobilité collective » précise Nicolas Augris, pour qui il faut revisiter aujourd’hui les modèles classiques. « On prenait en compte les déplacements pendulaires, ceux liés aux loisirs, ceux pour affaires. Se mettre à la place de l’utilisateur permet de comprendre qu’il peut changer de comportement et passer d’une catégorie à l’autre en fonction de son programme ou de ses envies ». Grâce aux outils numériques et au big data, il est déjà possible de disposer d’informations beaucoup plus précises.
Développer de nouvelles approches prenant mieux en compte les utilisateurs.
Les études sur lesquelles travaille l’équipe d’AREP intègrent cette nouvelle donne. Qu’il s’agisse de redimensionner les gares SNCF en interconnexion avec le futur réseau du Grand Paris Express, d’anticiper la gestion des flux de voyageurs lors de perturbations de la circulation des trains, ou encore d’étudier l’aménagement intérieur du hall du Musée national d’Art moderne à Paris, la méthode est similaire. Elle s’intéresse à la fois à la vision du planificateur et à l’expérience des futurs utilisateurs. Présente à l’international, AREP intervient sur des projets mobilité dans plusieurs pays du globe. « Chaque pays présente bien sûr des spécificités mais à partir de solutions que l’on développe ailleurs, il est possible de tirer des enseignements précieux pour les évolutions à venir sur notre territoire national » estime Nicolas Augris. « Ainsi, explique-t-il, il existe une grande mixité d’usages de la voirie par différents véhicules. Sur la place de l’Opéra à Hanoï, bus, vélos, voitures, piétons…, coopèrent pour maintenir une relative fluidité du trafic. Demain, chez nous, avec l’introduction du véhicule autonome, il sera intéressant de s’inspirer de ces pratiques pour concevoir les nouveaux modèles et appréhender différemment le partage de l’espace public ». Cette mutualisation des expériences pourrait alimenter les réponses à trouver sur un territoire national où les contraintes foncières permettent difficilement de développer de nouvelles infrastructures de transport ex nihilo et nous imposent souvent de faire mieux avec l’existant.