Le gaz naturel pour véhicule (GNV), moins polluant que le diesel, séduit de plus en plus d’entreprises et de collectivités pour leurs flottes de véhicules. Les entreprises d’ingénierie sont sollicitées pour accompagner la migration vers ce carburant alternatif et travailler sur les les projets de création de nouvelles stations GNV.
Les travaux de la COP 23, qui s’est tenue à Berlin en novembre dernier, ont une fois encore souligné l’urgence de la lutte contre le changement climatique et la pollution. En grande partie responsable d’un taux trop élevé de particules fines dans nos villes, le diesel est montré du doigt. La directive européenne AFI (Alternative Fuels Infrastructure) demande aux Etats membres de proposer des carburants alternatifs. Avec des émissions de dioxyde d’azote inférieures de 50% par rapport au diesel et des émissions de particules quasiment nulles, le gaz naturel pour véhicule constitue une réponse intéressante au problème. Si Le CANCA (Cadre National pour le Développement des Carburants Alternatifs) proposé par le gouvernement français début 2017 donne la priorité au véhicule électrique, il prévoit un réseau de 140 stations GNV sur l’Hexagone à l’horizon 2025. Ce maillage est insuffisant, selon l’Association Française du Gaz Naturel pour Véhicules qui estime les besoins à 250 stations d’ici à fin 2020.
Accompagner la conversion des flottes.
« Nous avons recensé pas moins de 53 projets de stations GNV en France en 2017 » confirme Florent Henry, ingénieur conseil chez EPI, « il s’agit de projets portés par des acteurs privés et des collectivités territoriales ». Sociétés de transport et entreprises du BTP investissent, en effet, de plus en plus dans des véhicules roulant au GNV pour réduire leur empreinte écologique. Et les collectivités territoriales sont toujours plus nombreuses à étudier la conversion au GNV de leur flotte de transport public et de collecte. « Les entreprises d’ingénierie sont sollicitées pour réaliser des études d’opportunité avec impact financier de la migration sur les coûts d’exploitation et de maintenance ». En cas de migration, cela suppose aussi de travailler sur l’adaptation des bâtiments techniques. « La ville de Paris va accélérer le déploiement des véhicules roulant au GNV à partir de 2018 pour la collecte des déchets et le nettoyage des rues. Cela implique l’adaptation et la mise en conformité des garages qui accueilleront ces véhicules. Ce sont des problématiques que maitrisent bien les entreprises d’ingénierie qui interviennent dans le domaine industriel et en présence d’atmosphères potentiellement explosives » précise Mathieu JADOULE, expert énergies durables d’EPI.
Étoffer le réseau des stations d’avitaillement.
Pour ce qui est de la création des stations de distribution de GNV, l’expertise de l’ingénierie sera particulièrement utile pour étudier le raccordement au réseau de gaz, en étroite collaboration avec GRDF, et le dimensionnement des installations. « Les stations sont souvent installées dans des zones industrielles ou périurbaines. Outre les études pour optimiser le positionnement de la station GNV pour le raccordement au réseau existant, il faut tenir compte du potentiel et du profil d’utilisateurs GNV sur le territoire concerné. Cette étude conditionne les choix techniques pour le dimensionnement de la station et notamment pour le stockage tampon » explique l’ingénieur d’EPI. Les projections communiquées à l’AFGNV par les porteurs de projets de stations conduisent à une estimation de 180 points d’avitaillement en GNV d’ici à fin 2018 sur le territoire français. Le marché est donc porteur. Il pourrait l’être davantage encore si les pouvoirs publics mettaient en place, comme le demande l’AFGNV, des mesures incitatives pour décider les particuliers à choisir un véhicule roulant au GNV, ou BioGNV à partir de biométhane, le gaz vert issu de la méthanisation. Mais le coût, plus élevé que celui d’un véhicule essence ou diesel, reste aujourd’hui un frein.