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La société du Grand Paris teste une solution « antibouchons »

La société du Grand Paris teste une solution « antibouchons »

Dans le cadre des travaux de construction de la future ligne 15 du Grand Paris Express et de ses gares, la société du Grand Paris et le groupe Egis ont mené une expérimentation visant à réduire la congestion routière dans un contexte de chantier. Le principe : rémunérer les conducteurs qui font le choix d’éviter les axes saturés. Une sorte de « péage positif » pour les inciter à changer leurs habitudes de transport.

Dans le cadre d’un appel à solutions innovantes, la société du Grand Paris a choisi de tester l’efficacité de cette idée positive et ludique pour réduire l’impact des grands chantiers qui risquent de compliquer les déplacements des Franciliens dans les prochaines années. Pendant quelques semaines, l’opération « Chasseur de bouchons » a été testée sur les routes engorgées de Boulogne-Billancourt auprès d’un nombre restreint de participants afin d’appréhender son efficacité. Inspirée des expériences menées avec succès aux Pays-Bas par le groupe Egis (via sa filiale BNV Mobility), cette solution de bon sens propose un accompagnement du conducteur incommodé par la congestion liée aux chantiers afin qu’il change en douceur ses habitudes et améliore de lui-même ses modes de déplacement. « La congestion du trafic avec ses impacts sociaux, économiques et environnementaux, finit pas peser sur l’attractivité du territoire. Les deux approches classiques – développer de nouvelles infrastructures ou réguler le trafic par le biais de nouvelles taxes – ne sont pas toujours satisfaisantes » explique Héline Mikielski, chef de projets Innovation chez Egis.

« Reste une troisième voie : mieux utiliser les équipements existants et encourager les automobilistes à changer leurs habitudes de mobilité. Pour cela, on utilise les leviers du jeu et de la récompense ». Utopique ? L’exemple des Pays-Bas démontre au contraire que ces solutions sont très efficaces et emportent largement l’adhésion des usagers. Les grandes agglomérations comme Rotterdam, Amsterdam ou Utrecht sont déjà bien pourvues en infrastructures routières. Les densifier n’était pas envisageable. Pour faire sauter le verrou des tristement célèbres embouteillages aux heures de pointe, ces villes ont opté pour des solutions nouvelles visant la responsabilisation des conducteurs.

Qui participe au programme ? Des volontaires, recrutés via des campagnes d’information (affiches, flyers, etc.).

Aux Pays-Bas, la législation permet également d’identifier les usagers qui empruntent régulièrement les axes saturés aux heures de pointe pour leur proposer de participer. Le nombre de participants peut s’élever de quelques centaines à quelques milliers (jusqu’à 12 000, par exemple, pour Rotterdam). « Pour retrouver une fluidité de trafic, il suffit de 8 à 10 % de véhicules en moins aux heures de pointe » précise Héline Mikielski. Pendant un an, durée de l’opération, ces automobilistes bénéficient d’un « coup de pouce » financier : 3€ en moyenne par trajet évité, soit un gain qui peut dépasser la centaine d’euros par mois. « Si ce gain financier est au départ la première motivation, les participants se prennent rapidement au jeu et apprécient de retrouver, grâce à cette nouvelle façon de faire, une qualité de vie qu’ils avaient perdue ».

Plusieurs solutions alternatives de déplacement sont possibles : horaires décalés (35 %), vélo (15 %), transports publics (10 %), covoiturage (5 %), autres itinéraires (5 %) ou télétravail et tiers lieux (5 %). Le suivi peut se faire aussi bien par boîtier traceur (avec géolocalisation), que par une application smartphone ou encore par caméra LAPI (lecture automatique de plaques d’immatriculation). Les dernières expériences ont mis en évidence qu’à la fin du programme, 85 % des participants environ conservent les nouvelles pratiques. Qu’en sera-t-il en France ? Lille métropole, qui a testé cette démarche en 2015 pendant 9 semaines avec la participation d’une quarantaine de personnes, envisage un plus large déploiement. En région parisienne, l’expérience menée à Boulogne-Billancourt pourrait également être décisive.